Lorsque tu commences à étudier la construction narrative d'un programme comme les Anges de la Télé-Poubelle, au-delà de la succession métronomique clash + réconciliation, tu peux remarquer que les activités aux budgets les plus élevés (genre grande sorties) sont toujours réservés aux mêmes candidats, ceux qui ont le plus de visibilité à l'écran. La caméra choisi toujours un cadre significatif pour mettre en évidence certains candidats au détriment d'autres (qui, on va pas se leurrer, n'ont rien de plus, certainement pas un neurone). 

Au-delà de la constance physique, idéalisation des formes généreuses hommes (tablette de chocolat, bronzage et coupe de cheveux) et femme (poitrine généreuse, physique irréprochable etc...), un programme comme les Anges possède un arc scénaristique qui ne laisse aucune alternative à la spontanéité. 

Si les premières télé-réalités avaient cette innocence qui rendaient moins détestables les programmes (bien qu'on s'interrogeait tout de même sur cette idée du voyeurisme), aujourd'hui, la vraie problématique c'est de se demander où se situe la réalité dans un programme de télé-réalité. J'ai toujours pensé personnellement, que si les gens veulent observer la réalité, ils n'ont qu'à éteindre la télévision et sortir dans la rue. La télé-réalité n'a de réalité que sa propre inconsistance, et sa propension a révéler nos propres vices: le désir de la perfection, la suffisance, le voyeurisme, l'intolérance, le jugement, et parfois même, la violence. Si les adolescents s'identifient à ces individus et décident de marcher sur leurs traces, le monde a du soucis à se faire.

 Néanmoins, chaque génération a eu ses médiocres références (Hélène et les Garçons pour la génération précédente), pourtant le calcul commercial était moins réfléchi, et l'effet de mode n'est resté qu'un effet de mode. Pour la télé-réalité actuelle, l'effet de mode devient un axe de vie pour certains. Seulement, personne n'est sans savoir qu'on ne devient pas quelqu'un en se faisant payer des vacances à l'autre bout du monde. Le public adolescent se fait hypnotiser par un programme qu'ils ont contribué à faire exister. Et plus on avance, plus la médiocrité installe ses marques dans la réalité, faisant passer les personnes contre ce mouvement inexorable pour des marginaux un peu trop retors. La "télé-réalité" est un danger, oui, mais je finirai en disant qu'elle n'impactera que les esprits trop faibles. Et confronté à la vraie réalité, les marginaux ne trébucheront pas. Les autres, les hypnotisés, vont prendre une sacrée claque.